Véritable serpent de mer, le projet de transformation de l'îlot République situé dans le centre historique de Grenoble, refait surface. Construit dans les années 70, cet ensemble en béton de structures enchevêtrées en R+3 compte de moins en moins d'adeptes, en raison de son esthétisme désuet, de sa vétusté, et des services qui ne sont plus à la hauteur des attentes de ses occupants. Une partie d’entre eux ont ainsi fait connaître leur envie d'en partir, à commencer par l’Office de Tourisme. Installé dans 1000 m2, l’OT a pourtant bénéficié d’une lourde rénovation en 2017. La Poste a fait aussi connaître son intention de quitter le site. Résidant elle aussi dans cet îlot, la bibliothèque centre-ville sur deux étages avec une terrasse déménage en 2027 pour rejoindre la future grande bibliothèque, place Valentin-Haüy, le grand projet constructif du « plan lecture » grenoblois. "Tout le monde a une volonté de mutation, donc c'était le moment opportun à saisir, et cela nous fixe un timing" résume Margot Belair, adjointe à l'urbanisme de Grenoble. Lieu mixte, on l'aura compris, l'îlot République abrite aussi la maison de la montagne, une salle de conférence de 180 places accessible par un escalier extérieur, un magasin éphémère, un local commercial vacant, ainsi qu’un parking souterrain de 8200 m2 sur deux étages, d’où le défilé de voitures continu autour du bâtiment. Mais alors quelle évolution envisager pour cet îlot ? Un certain nombre de détracteurs plaident pour la démolition de cette "verrue urbaine" afin d'y installer un square arboré. "Nous sommes pour ouvrir le débat et défricher les possibles" rétorque Margot Belair, adjointe à l’urbanisme de Grenoble. Dans cette idée, la Ville avec la Métropole, copropriétaires du bâtiment, ont ainsi fait appel, pour une participation de 10 000 euros, à une résidence d’architectes, chapeautée par la maison de l'architecture de l'Isère. Marie Ludmann et Luc Doin, les deux architectes lauréats se sont installés du 3 octobre au 15 décembre dans le local vide de l’îlot. Leur production nourrie d’ateliers collaboratifs avec le public doit permettre de dégager des "scénarios tranchés" dixit Margot Belair, qui vont servir de point d’appui à une large concertation avec les habitants. "On aura ensuite une seconde phase d'étude qui nous amènera vers le projet définitif pour le lancement de chantier en 2027 ». En parallèle des études techniques sont menées pour valider la faisabilité des scénarios. D'ici là, dès le printemps prochain, la Ville prévoit des "interventions transitoires pour embellir l'espace public qui n'est pas en grande forme ».

SC