La Banque des Territoires et ses partenaires SNCF Immobilier, ICF Habitat et le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis ont présenté au mois de novembre un prototype de BMM, ou Bâtiment mobile et modulable, dans le cadre de la démarche TTU, ou Toits Temporaires Urbains : des constructions en structure bois, déplaçables et reconfigurables, utilisables en matière d’hébergement, de logement et de locaux d’activité. « Le projet est né d’un constat simple : le besoin de logements, d’hébergements d’urgence ou de solutions souples pour installer des locaux d’activité est une réalité pour nombre de collectivités partout sur le territoire français », indiquent les initiateurs du projet, qui ont constitué un groupement de commande. « En parallèle, de nombreux fonciers restent vacants, notamment le temps de la maturation des projets immobiliers. L’occupation de ces terrains par des opérations temporaires qualitatives pourraient leur donner une utilité et une attractivité ».

La méthode retenue : un marché de Partenariat d’innovation, qui permet de « décloisonner le travail de conception en faveur d’une démarche collective au service de différentes natures d’innovations : foncières, techniques, architecturales urbaines et juridiques ». Ce qui a valu à la démarche de recevoir le label « Engagé pour la qualité du logement de demain » des ministères du Logement et de la Culture. Les partenaires sont accompagnés d’un AMO (assistant à maîtrise d’ouvrage) composé de Palabres, Socotec, Wigwam, 13HorSite et Arep. Une consultation sur ces BMM, en 2021, a suscité 27 candidatures et abouti à la désignation d’un lauréat : le groupement constitué de l’entreprise de construction Selvea, des architectes Virtuel et Alt et des bureaux d’étude Ethic, Géranium, Atelier Rouch et Edile Construction. Avec cinq impératifs : des constructions performantes en matière environnementale ; déplaçables facilement par un tiers ; reconfigurables entre deux sites d’installation, pour répondre à un programme différent ; avec une ambition de haute qualité architecturale et de confort de l’usager ; à coût global maîtrisé. Sur le plan financier, le parti pris est de réfléchir en coût global (coût de construction + coût de premier déplacement et reconfiguration d’usage éventuelle ; prise en compte d’indicateurs d’évaluation extrafinancière) et de se placer dans une logique d’industrialisation et d’économie d’échelle avec une production hors site de 200 BMM par an pendant 4 ans.

Une consommation foncière limitée au strict nécessaire

« Le BMM remplit les objectifs de mobilité de bâtiments destinés à occuper différents sites sur leur durée de vie, permettant ainsi d’ajuster la consommation foncière au strict nécessaire en fonction de l’évolution des besoins et des usages », explique Mathilde Auriac, de Virtuel Architectes. Les BMM sont constitués d’une structure en pin douglas sourcé par Selvea dans les Cévennes et certifié PEFC. Planchers, poteaux, murs et charpentes sont construits en ossature bois, et isolés avec des matériaux biosourcés tels que ouate de cellulose, fibre de bois ou du coton recyclé. Les menuiseries extérieures et intérieures sont en bois, tout comme les plafonds et les supports de planchers. « L’ensemble de ces matériaux biosourcés permettent déjà d’atteindre des performances qui vont bien au-delà du label BBCA (Bâtiments Bas Carbone) et du seuil 2028 de la RE2020 », affirme Selvea. « Aux quatre angles hauts et bas, des platines métalliques innovantes permettent de superposer ou de juxtaposer les BMM, de faciliter la manutention et le transport. Des systèmes de chauffage, de production d’eau chaude [par pompe à chaleur] et de ventilation performants et mutualisés garantissent la très faible consommation d’énergie du bâtiment et une maintenance réduite », détaille le constructeur. L’année 2023 verra la création de la société Toits Temporaires Urbains qui acquerra les bâtiments, et la livraison d’une première opération au Clos Saint-Lazare, à Stains (Seine-Saint-Denis).

 

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