Pour la 2ème conférence du cycle des « conversations sur la ville », la coopérative Plateau Urbain en partenariat avec Surface+Utile, Vraiment Vraiment, Bellevilles, Le Sens de la Ville, Yes We Camp, Bellastock, Encore Heureux, tous occupants du tiers-lieu Césure, a mis en avant le thème de l’adaptation aux canicules à Paris. 

Animée par Raphaëlle Chaygneaud-Dupuy, responsable vie de la coopérative et sociétariat au sein de Plateau Urbain, la conférence a fait dialoguer Alexandre Florentin, conseiller de Paris et président de la mission « Paris à 50°C » et Marie d’Oncieu, architecte à l’agence h2o architectes. Le format choisi se voulait original : en partant du sous-sol et en décrivant successivement le rez-de-chaussée, les étages, les combles et le toit, il s’agissait d’imaginer un immeuble résidentiel parisien adapté à une température de 50°. Pour Raphaëlle Chaygneaud-Dupuy, cette méthode permet de « cheminer sur une ligne de crête entre imagination et faisabilité ».

Marie d’Oncieu a d’abord rappelé que Paris est une des villes les plus denses du monde ce qui génère de la chaleur et rend difficile de ventiler l’espace urbain. Or si l’air ne circule pas, la température ne peut pas baisser, créant un dôme de chaleur au-dessus de la ville.  Cette architecture particulière à Paris a été pensée pour un climat stable dans le temps et plus froid que celui que nous connaissons ce qui fait de Paris « une ville particulièrement vulnérable » d’après Alexandre Florentin. 

Face à la chaleur, pouvons-nous trouver refuge en sous-sol ? Marie d’Oncieu considère qu’ils ne sont pas « quelque chose sur lequel on a l’habitude de travailler en tant qu’architecte ». Pourtant il est possible « d’inventer des locaux communs en sous-sol afin qu’on s’y rafraichisse » pour peu que la ventilation y soit efficace. En dehors des sites purement résidentiels, Alexandre Florentin souligne que certains espaces en sous-sol pourraient servir à se rafraîchir à Paris. Les parkings, les églises (ou même les catacombes pour les plus courageux) apportent des « topologies de surfaces intéressantes en période de crise ». De même la partie enterrée du canal Saint-Martin aujourd’hui inaccessible aux piétons pourrait offrir une surface fraîche et lumineuse mais protégée du soleil. 

Au niveau des rez-de-chaussée se concentrent les conflits d’usages potentiels entre habitants et commerçants. Face à la chaleur, certains magasins pourraient décider d’utiliser la climatisation ce qui va refroidir l’intérieur mais réchauffer l’extérieur, une décision acceptable pour Alexandre Florentin s’il s’agit de protéger des produits périssables comme de la nourriture mais qui ne peut pas être généralisée sur tous les magasins. Il est donc nécessaire de débattre d’un « droit à la fraîcheur » pour certaines personnes et activités. Les rez-de-chaussée ont également un potentiel de ventilation assez fort et, comme le rappelle Marie d’Oncieu, le bâti ancien avait « des systèmes de ventilation très intelligents » (trappes et conduits permettant la circulation de l’air notamment) qui ont été rendus inutilisables par les réhabilitations successives. Les cours d’immeubles au sol sont également une source de végétalisation potentielle qui permettrait de créer des îlots de fraicheur. 

Dans les étages, la priorité pour Marie d’Oncieu est d’isoler thermiquement les bâtiments. Beaucoup de façades parisiennes sont cependant protégées pour leur intérêt patrimonial, rendant difficile l’isolation par l’extérieur. Il est toutefois possible d’isoler les murs qui donnent sur les cours d’immeubles ou d’isoler par l’intérieur. Il faut également repenser l’orientation des logements, et permettre de laisser la porte ouverte dans les logements mono-orientés pour créer des courants d’air. Alexandre Florentin propose d’expérimenter pour transformer les escaliers et cheminée de certains bâtiments en « tours à vent » (élément traditionnel de l’architecture iranienne qui capte les vents et permet de rafraichir des espaces).

Les combles parisiens quant à eux concentrent une grande partie des problèmes de chaleur. Marie d’Oncieu rappelle que le foncier limité à Paris a conduit à transformer en logement ces combles qui n’avaient pas été pensés pour cela. Leur trop grande exposition aux hautes températures pourrait pousser à les rendre inhabitables et à leur donner d’autres usages comme du stockage. Alexandre Florentin propose tout de même l’obligation d’y installer des stores sur les Velux. 

Enfin, les toitures parisiennes sont, pour une grande partie, en zinc, un matériau peu isolant mais qui fait partie de l’identité architecturale de la capitale. Sur les toits pentus il est cependant possible d’installer des terrasses végétalisées sur le modèle des « altanes » vénitiennes (une structure en bois posée par-dessus la pente). Pour les toits planes, la végétalisation et l’installation d’ombrelles photovoltaïques permettent également de protéger le reste du bâtiment de la chaleur. 

EE