Le 20 septembre dernier marquait la fin du 41e atelier international de maîtrise d’œuvre urbaine de Cergy-Pointoise, qui s’est terminé par une restitution du travail des étudiants et des jeunes professionnels de l’aménagement urbain, suivi d’un temps d’échange avec les membres du jury. Retrouver un lien avec le sol et repenser la vie locale sont apparus comme des priorités pour ces futurs-ou déjà confirmés- acteurs de la fabrique urbaine.
Organisés depuis 1982, les Ateliers réunissent chaque année des participants âgés de moins de trente ans, venus de France et de l’international, formés en urbanisme et en architecture. L’objectif : apporter un regard neuf sur un projet urbain, permettant d’« identifier des pistes de solutions qui pourront aider, […] pour tester des modèles dans notre territoire » explique l’un des encadrants. Le thème, « villes et territoires recomposés face aux défis climatiques », s’appliquait cette année aux villes d’Orly et de Goussainville, dont la proximité aux infrastructures routières et aéroportuaires en fait des villes emblématiques d’un modèle d’aménagement centré sur l’artificialisation des sols. Les propositions avancées par les participants viennent alimenter une réflexion sur les projets en cours dans les deux communes, qu’il s’agisse de « la transformation du centre-ville, […] de la renaissance de l’ancien centre-ville, le Vieux-Pays […] et de la requalification du quartier de la gare » à Goussainville, ou de « la requalification du Vieil-Orly, de l’opération d’aménagement intercommunale de la ZAC Thiais-Orly, […] et du renouvellement urbain dans les quartiers Est ».
Le point de départ de ce travail est l’objectif ZAN, qui doit « mettre en cause l’expansion urbaine » et permettre de « penser la densité acceptable » précise Raphael Besson, pilote des Ateliers. D’après Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France, le travail d’« intensité urbaine est déjà effectué sur le territoire francilien, […] constitué à 78% de terres agricoles et forestières ». Trois groupes se sont penchés sur la question, et ont imaginé une ville où la nature et la mobilité douce reprendraient une place de premier rang. L’un d’entre eux pose « l’eau au centre, avec de nouveaux courants de rivière de façon à la rendre plus naturelle et visible », dans le but de rafraîchir la ville. Un autre mise sur « la participation des habitants », levier à privilégier pour changer les comportements. Une dernière proposition, jugée « disruptive » par plusieurs membres du jury, consiste à transformer l’un des aéroports en hôpital, et à créer des pôles autonomes qui ne seraient plus à la marge de Paris.
Ces idées n’ont pas laissé la salle indifférente. Le directeur adjoint du département Architecture du groupe ADP (Aéroports de Paris), a questionné l’intérêt de fermer définitivement un aéroport, avançant que la demande de voyages était plus forte que jamais. D’autres spécialistes n’ont pas apprécié l’idée d’autonomie des villes vis-à-vis de Paris, un « éléphant » dans cette constellation francilienne. Ce qui est perçu comme des lacunes pour les uns, est analysé comme des forces par d’autres. Sylvain Saudo, ingénieur urbaniste, et Bertrand Warnier, cofondateur des Ateliers, ont salué l’audace de ces suggestions. Le mot de la fin était pour Christine Lepoittevin, sociologue et directrice des Ateliers, qui a loué la démarche de l’association, visant à recueillir le « message que les jeunes nous envoient, et qu’on peut garder comme capital ».
Théo Le Franc