La commune de Valenton dans le Val-de-Marne vient de réceptionner le tout premier immeuble déplaçable conçu par Eiffage immobilier habitat solidaire. « Le foncier appartient à Eiffage, nous avons convaincu la mairie de nous accompagner dans ce projet innovant. Le maire, très pragmatique, a même testé le premier studio avant de nous donner son accord ! » relate Benjamin Pinaud, directeur d'Eiffage immobilier habitat solidaire et cheville ouvrière du projet. Cette résidence fait suite à un appel à manifestation d'intérêt lancé en 2019, par la Préfecture, pour de la production d'hébergement d'urgence. Le produit fini n'est pas banal. Les 75 logements ont été fabriqués au moyen de 55 conteneurs maritimes recyclés organisés en R+2. En six mois, l'immeuble était sur pied, un record à battre. L'adaptation du conteneur en logement a été élaborée par Eiffage B3 écodesign, filiale d’Eiffage construction solutions industrialisées. Niveau qualité, la résidence se hisse largement aux standards des constructions actuelles, respectant les mêmes normes en terme de confort, d'isolation, selon le directeur. Pendant 7 ans, durée du permis précaire obtenu, le bailleur Adoma louera les modules à Eiffage, qui en conserve la propriété par l’intermédiaire de sa foncière Techthome créée à dessein. « C’est ce montage qui a permis de rendre possible le projet. A Eiffage, on n'a pas l'habitude de garder nos immeubles» fait remarquer Benjamin Pinaud. Incombe à la foncière de rentabiliser son projet en lui trouvant une autre vie. D'autant que, comparée à du logement classique, la transformation des conteneurs en logement n’est pas moins coûteuse que de la construction classique, mais bien de l'ordre de 2300 euros par m2 en Ile de France, «lors de projet complexe comme celui-ci, avec des coursives, sur deux étages et un foncier contraint de 3000m2 » précise tout de même Benjamin Pinaud.  

Le coût s'explique aussi par la valeur du conteneur qui a pris 30 % avec la hausse des matériaux et l’explosion du trafic après le covid et la guerre en Ukraine. Pour la suite, ces logements pourraient être réemployés à l'unité ou dans leur ensemble. « Je ne suis pas inquiet pour le devenir de ces modules, commente ainsi le directeur. Le conteneur est l'objet le plus transporté dans le monde. D'un point de vue patrimonial et aussi climatique, j'ai tout à gagner à lui donner plusieurs durées de vie » ajoute Benjamin Pinaud. Avec une empreinte carbone proche de zéro, les constructions en conteneur « dernier voyage » présente en effet un avantage environnemental inégalable.

Fort de ce nouveau concept, le groupe Eiffage caresse l'idée de loger les centaines de salariés déplacés qui travaillent sur ses grands chantiers tels celui du Lyon Turin ou de centrales nucléaires. « On arrive avec notre solution pendant plusieurs années pour héberger des personnes dans de bonnes conditions et on rend les fonciers en l'état dans quelques années ». 

Découvrant le projet à Valenton, plusieurs communes ont fait connaître leur intérêt pour du logement saisonnier. « Le coût de déplacement, de montage et de remontage ne rendent pas ce type d'usage soutenable » regrette Benjamin Pinaud.  

SC